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mercredi 2 mars 2011

Mon corps, cet ennemi

Je me rappelle la douce époque où mon corps était un ami. Si jeune et pourtant déjà coquette, j'avais chemisier jupe et soquettes sous mes nattes de petite fille. Mais ce n'était que les prémices d'une bataille.

Sentant un retard et une avance fort peu convenables, j'ai commencé à poser des questions à mon corps. Pourquoi donc paraissait-il si peu agile quand les demoiselles de mon âge faisaient poiriers et pirouettes sans même y penser ?
Pour me punir de n'être pas satisfaite, il a ajouté à mon calvaire en me donnant une allure vaguement masculine quand ma féminité ne demandait qu'à se réveiller.

Quand enfin, à force de croissance et de volonté de négocier, mon corps m'a enfin donné un moment de répis, je me voyais enfin début de femme capable de tourner un homme d'un seul regard. Dansant du bout des doigts et chantant du bout de la langue, je me suis dit que finalement, le vilain petit canard n'était plus et je laissais peu à peu les lauriers de la gloire me tomber devant les yeux.

Mais hélas, quand vint le couperet de la réalité, je compris que mon corps, plutôt qu'un répis, m'avait donné simplement un souffle du paradis pour mieux me l'enlever. Question de stress et d'hérédité, peu à peu je gonflais, femme ballon qui pourtant voulait encore plaire.
J'ai eu le temps de voir mes formes se modifier, pressant les vêtements jusqu'à les déchirer parfois.

Alors, triste et amère, je regardais mon corps à nouveau devenir mon ennemi. Les miroirs de ma chambre voilés par la brume de la douche, j'évitais de regarder ce reflet que je pensais informe pour le couvrir au plus vite de tissu, priant pour rentrer encore dans la garde-robe de cette année.

Chaque évènement me renvoyait des images d'une femme qui, quoique jolie encore, prenait du volume sans raison pour ne plus ressembler à cette petite fille innocente que je fus.

Finalement, s'arrêtant avant une limite psychologiquement difficile, mon corps décida qu'il m'avait suffisamment punie. De quoi ? Je ne sais pas trop. Mais déjà bien trop loin de mon idéal, je serrais ma ceinture, comprimant douloureusement mon égo et attendant...

Puis mon miroir, dévoilé par la pousière, décidé de me renvoyer une image, nouvelle. Surprenante presque.

Aujourd'hui, me voici déesse de la fertilité à la mode préhistoire. Finalement, peut-être que mon corps voulait simplement me dire que la beauté n'est pas dans le corps, mais dans ce qu'il représente.
J'ai décidé de faire la paix. Peut-être qu'un jour, de statuette aux traits lourdement représentatif de la fertilité, il fera de moi un chef d'oeuvre à mes yeux, défiant le monde de se rappeler pourquoi, finalement, la minceur était un canon...

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article, qui me touche particulierement.

    Mon corps, mon "meilleur ennemi" comme je l'ecrivais...

    Il est douloureux de voir evoluer son corps d'une facon qui nous deplait.

    Il est tres douloureux de voir evoluer son corps d'une facon denigree par les proches, les parents, leur vision de la beaute inoculee en soi qui fausse tout, qui fait qu'on se hait, qu'on ne s'accepte pas, qu'on n'est pas heureux.

    Etre anorexique sans voir ses parents s'inquieter, guerir et avoir un corps qui prend des formes de femme, c'est normal normalement mais pas pour eux. Alors souffrir.

    Jusqu'a ce qu'un amoureux vous trouve belle, desirable.

    http://danscemondeflottant.free.fr/spip/spip.php?article793

    http://danscemondeflottant.free.fr/spip/spip.php?article146

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