Bienvenue

Vous êtes arrivés ici par hasard, au détour d'une page, ou bien après que l'on vous ait suggéré que peut-être, il y avait ici un peu d'un jardin intéressant.


Je n'ai pas d'autre prétention que de vous emporter, pour un instant, dans mon monde. Dans mes mondes.


Bienvenue !

mercredi 24 novembre 2010

Le grand lutin et la jolie fée

Il était une fois une jolie fée et un grand lutin.
La jolie fée vivait au pays des fées. Elle s’occupait du tribunal féérique. Elle aidait les avocats(les fruits, pas les nôtres), à devenir des pommes, des poires, ou des scoubidous.
Le grand lutin vivait lui aussi au pays des fées. Il s’occupait de l’ambassade des lutins des les fées. C’était facile à reconnaitre : le seul bâtiment qui n’était pas fait d’herbes et de feuilles de lierre, mais plutôt de jolis cailloux très brillants qui étincelaient au soleil.

La jolie fée était en pause déjeuner. Elle avait décidé de sortir un peu pour profiter d’un peu de soleil, tant qu’il y en avait. Elle avait bien envie d’un nectar de passiflore, et pour ça, il fallait qu’elle vole jusque l’autre coté de l’arbre. Il fallait dire que le tram-chenille était de toute façon toujours plein à cette heure-là. Et puis ses ailes étaient un peu froissées à force de rester assise à écouter les plaintes d’un avocat un peu mûr dont la transformation en pomme avait été reportée au lendemain.

Le grand lutin venait de finir sa journée. Enfin, sa matinée. Il avait commencé bien avant que le soleil se lève et voulait maintenant aller se coucher. Comme d’habitude, il ne s’était rien passé. Une mouche avait essayé de se poser sur l’ambassade, mais il avait suffit de secouer une feuille pour la chasser. Un des lucioles qui éclairaient le bâtiment avait eu soif et il lui avait apporté une goutte d’eau. Rien de très passionnant.
Sans le savoir, le lutin et la jolie fée se croisèrent. Mais comme un lutin marche et qu’une fée vole, ils ne se retrouvèrent pas nez à nez. Le lutin eut juste un sourire un peu béat quand l’ombre de la fée passa sur lui.

Alors que le lutin arrivait chez lui, il découvrit un petit mot d’un de ses collègues lutin qui ne pouvait pas aller travailler tout de suite et lui demandait de le remplacer deux petites heures. Alors le lutin soupira et il repartit.

Alors que la fée arrivait à son restaurant préféré, elle s’aperçut qu’elle avait oublié un rendez-vous en début d’après-midi, et qu’elle devait prendre son nectar à emporter. Ce qu’elle fit, avant de repartir.

Les nuages s’amoncelèrent devant le soleil. Ils avaient décidé d’arroser un peu les fleurs des fées, qui paraissaient un peu assommées par les rayons un peu ardents. Ils commencèrent par une légère bruine, afin de prévenir les fées. En effet, la pluie sur les ailes des fées, c’est un vrai drame, encore pire que la pluie sur les cheveux d’une femme. Sauf que les ailes des fées ne frisent pas mais se décolorent. Ce qui est tristounet il faut l’avouer. Ce sont les milliers de couleurs de leurs battements au milieu des fleurs qui donnent au pays des fées ce petit air magique.

La jolie fée, sentant la bruine, se dépêcha de descendre par terre pour s’abriter sous un champignon. Par le plus grand des hasards, au même moment, le grand lutin arriva aussi sous ce champignon. Et cette fois-ci, leurs yeux se croisèrent. Et le monde, un instant, s’arrêta. Tout resta immobile. Jusqu’à ce que les nuages remarquent, dans le reflet des gouttes environnantes, ce magnifique spectacle : l’amour naissant.

C’est un regard qui en croise un autre et, le temps d’un battement d’aile de fée, tout change. Une graine prend racine dans le cœur du lutin et de la fée. Car leurs deux cœurs n’en font plus qu’un, battant à l’unisson. Et les nuages prennent une décision. Ils envoient un éclair sur deux rochers juste à coté des amoureux.

Dans un bruit de tonnerre apparaissent deux statues de nos amoureux. Dans leurs yeux de pierre, on voit l’amour véritable germer.
L’histoire dit qu’ils se sont mariés quelques temps plus tard, et ne se sont plus jamais quittés. Mais la légende donne surtout aux amoureux un endroit où déclarer leur flamme. Car les cœurs se délient et les anneaux sont offerts, rappelant à chacun cette rencontre magique sous les statues du grand lutin et de la petite fée.

lundi 8 novembre 2010

Un Halloween comme les autres

Je regarde la vieille horloge qui me rappelle tant de souvenirs et qui, enfin, égrène les douze coups de minuit. Aujourd’hui c'est Halloween, personne n’a pourtant sonné à notre porte. Oscillant entre excitation intense et peur diffuse, je me dis qu’il me faut maintenant aller jusqu’au bout. Une promesse ne se renie pas. Pourtant, lorsque je commence à faire un pas vers la chambre, de minuscules gouttes de sueur perlent sur mon front et le duvet de mes bras se hérisse. Et si…
... Et si la pendule n'était pas à l'heure ? C'est cette nuit qu'une loi étrange avait fixé un changement. Mais on était déjà décalé par rapport à l'heure du soleil, alors...
Je secoue la tête. Rien ne pourra m'empêcher de réaliser ce que je me suis engagée à faire.

Sur mon lit, les instruments m'attendent. Bougie noire, sel, un peu de sang de poulet dans une fiole, et une craie. Je prends le tout et je m'installe en tailleur devant mon miroir. Je trace un pentacle au milieu duquel je place la bougie. Voilà, je le savais, j'ai oublié le briquet pour l'allumer !
Heureusement, j'en ai un dans la table de nuit. Voilà, je commence à avoir les mains moites. Ma respiration s'accélère.

J'allume la bougie.

Je commence à incanter, chantant des mots utilisés par les femmes de ma famille depuis plusieurs générations chaque nuit d'Halloween. J'essaie de ne pas buter sur la prononciation. Je ne voudrais pas m'attirer encore plus de problèmes que j'en ai déjà. Pour finir, je verse le sang de poulet dans le pentacle.
Le sol vibre. J'ai un peu la nausée et j'ai l'impression d'être paralysée. De la poussière sort du parquet, puis prend forme peu à peu. Une forme que je vois dans chacun de mes cauchemars.

Elle est là. Je l'entends déjà. Ce son me crispe. J'essaie de ne pas pleurer. Elle parle.

"Eh bien, je vois que les traditions se perdent. A une époque, on aurait sacrifié autre chose qu'une fiole de sang de poulet pour moi."

Et ça commence. Elle n'est pas satisfaite. Elle est solide maintenant. Je la vois s'ébrouer, comme si elle sortait de l'eau. Elle regarde autour d'elle et grimace.

"Et j'aime bien moins cette époque. Tout est petit, on se sent à l'étroit."

Je lève les yeux et je croise son regard. Je n'aurais pas du.

"Bon, et bien, ne reste donc pas plantée là. Viens faire la bise à ta tante Irma. Tu ne crois quand même pas que je suis revenue des enfers juste pour te regarder assise là comme une dinde."

Je m'exécute. Elle pique. Et elle sent l'oignon rance. C'est ce qui l'a tuée, un bout d'oignon croqué à pleine dent qui n'est pas passé. Elle sort de la chambre. Elle va sans doute aller critiquer le reste de la maison.
Je remarque un bout de papier par terre. Je le prends. Dessus, je lis :

"Merci encore, mademoiselle, d'avoir accueilli votre grand-grand-grand...grand-tante chez vous. On a beau faire, c'est les seules vacances qu'elle veut bien prendre et on en a besoin pour respirer un peu. Il faut dire qu'elle ne nous laisserait même pas aller sur Terre pour faire peur aux gens alors qu'Halloween est parfait pour ça.
Bon courage, on viendra la chercher demain matin à 8h.

Cordialement,

Beelz et ses démons."

Petit Halloween sauvage

Il fait froid. Il semblerait que ce soit une forêt qui m’entoure. Allongée sur le sol, je ne sais plus ce que je fais là. Ma robe blanche est froissée, mon gilet gris me couvre à peine. La lune dévoile sa lumière une fois sur deux, à cause des nuages gris qui passent l’emprisonner.
Il fait froid, et je suis gelée de l’intérieur. Je n’ai pas peur.
Les arbres ne sont pas des sapins, on dirait des châtaigniers, de nombreux châtaigniers qui se découpent dans des ombres étranges.
Je ne sais pas qui je suis, pourquoi et comment je suis arrivée là. La seule chose que je sais, c’est que je suis seule ici……
Enfin, seule... Je sais que je suis la seule chose qui respire à des lieues à la ronde. Je sais aussi que je ne devrais pas être ici. Puis je réalise : cette année, c'est moi.
On sait que chaque année, à Halloween, une jeune femme du village disparait. En général, ce sont des étrangères. Celles qui, parmi les gens de passage, ne manqueront pas, ou peu. On paie la famille et ils s'en vont.

Mais cette année, il n'y avait pas de gens de passage. Ils ont appris à nous éviter. Ils savent que nous avons un contrat que nous nous devons de respecter. Alors c'est moi. Je suis là. Je ne sais pas où. Je me rappelle seulement que je dormais. Du bruit dans le couloir. Des sanglots. Puis la porte qui s'ouvre doucement, et mon père qui me murmure à l'oreille des excuses. L'odeur très forte. Le trou noir. Et me voici ici.

Je n'ai toujours pas peur. Je suis même un peu excitée. Personne ne sait ce que deviennent ces jeunes femmes qui disparaissent. Moi, j'ai toujours espéré qu'elles n'avaient pas peur. Que simplement, ce qui se passait les emmenaient loin. Au pays des fées peut-être. Ou des lutins. Ce soir, c'est la nuit où les mondes se touchent.

J'entends un bruit. Un raclement. On dirait une vieille chaine rouillée que l'on traine dans les graviers.
Un mouvement, à ma droite. La lune est cachée et je ne vois pas. Mais ça se rapproche. On dirait un homme, un peu courbé. Il a un pas lent, mais régulier.

Il est devant moi, et je distingue enfin ses traits. Il n'est pas laid. Mais il a l'air triste, très triste.
Il avance sa main et me touche le visage. Il sent l'humus frais. J'aime bien. J'ai confiance en lui, je ne sais pas pourquoi.
Puis il me parle :

"Depuis des siècles, ton village expie mon injustice. Depuis des siècles, chaque année, ils m'offrent une fiancée, pour celle qu'ils ont brûlée comme sorcière injustement. Tu es jolie. Viens ma mie, allons nous marier, et pour un an, je laisserai ton village prospérer."

Il me tend une fleur blanche que je ne connais pas. Je la mets dans mes cheveux. Ce soir, c'est ma nuit de noce. Je suis contente finalement d'avoir ma robe blanche et mon joli gilet gris. Mon fiancé me tend le bras, je le prends et je marche à coté de lui.
Cette nuit, je me marie à la Mort.