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Bienvenue !

lundi 8 novembre 2010

Un Halloween comme les autres

Je regarde la vieille horloge qui me rappelle tant de souvenirs et qui, enfin, égrène les douze coups de minuit. Aujourd’hui c'est Halloween, personne n’a pourtant sonné à notre porte. Oscillant entre excitation intense et peur diffuse, je me dis qu’il me faut maintenant aller jusqu’au bout. Une promesse ne se renie pas. Pourtant, lorsque je commence à faire un pas vers la chambre, de minuscules gouttes de sueur perlent sur mon front et le duvet de mes bras se hérisse. Et si…
... Et si la pendule n'était pas à l'heure ? C'est cette nuit qu'une loi étrange avait fixé un changement. Mais on était déjà décalé par rapport à l'heure du soleil, alors...
Je secoue la tête. Rien ne pourra m'empêcher de réaliser ce que je me suis engagée à faire.

Sur mon lit, les instruments m'attendent. Bougie noire, sel, un peu de sang de poulet dans une fiole, et une craie. Je prends le tout et je m'installe en tailleur devant mon miroir. Je trace un pentacle au milieu duquel je place la bougie. Voilà, je le savais, j'ai oublié le briquet pour l'allumer !
Heureusement, j'en ai un dans la table de nuit. Voilà, je commence à avoir les mains moites. Ma respiration s'accélère.

J'allume la bougie.

Je commence à incanter, chantant des mots utilisés par les femmes de ma famille depuis plusieurs générations chaque nuit d'Halloween. J'essaie de ne pas buter sur la prononciation. Je ne voudrais pas m'attirer encore plus de problèmes que j'en ai déjà. Pour finir, je verse le sang de poulet dans le pentacle.
Le sol vibre. J'ai un peu la nausée et j'ai l'impression d'être paralysée. De la poussière sort du parquet, puis prend forme peu à peu. Une forme que je vois dans chacun de mes cauchemars.

Elle est là. Je l'entends déjà. Ce son me crispe. J'essaie de ne pas pleurer. Elle parle.

"Eh bien, je vois que les traditions se perdent. A une époque, on aurait sacrifié autre chose qu'une fiole de sang de poulet pour moi."

Et ça commence. Elle n'est pas satisfaite. Elle est solide maintenant. Je la vois s'ébrouer, comme si elle sortait de l'eau. Elle regarde autour d'elle et grimace.

"Et j'aime bien moins cette époque. Tout est petit, on se sent à l'étroit."

Je lève les yeux et je croise son regard. Je n'aurais pas du.

"Bon, et bien, ne reste donc pas plantée là. Viens faire la bise à ta tante Irma. Tu ne crois quand même pas que je suis revenue des enfers juste pour te regarder assise là comme une dinde."

Je m'exécute. Elle pique. Et elle sent l'oignon rance. C'est ce qui l'a tuée, un bout d'oignon croqué à pleine dent qui n'est pas passé. Elle sort de la chambre. Elle va sans doute aller critiquer le reste de la maison.
Je remarque un bout de papier par terre. Je le prends. Dessus, je lis :

"Merci encore, mademoiselle, d'avoir accueilli votre grand-grand-grand...grand-tante chez vous. On a beau faire, c'est les seules vacances qu'elle veut bien prendre et on en a besoin pour respirer un peu. Il faut dire qu'elle ne nous laisserait même pas aller sur Terre pour faire peur aux gens alors qu'Halloween est parfait pour ça.
Bon courage, on viendra la chercher demain matin à 8h.

Cordialement,

Beelz et ses démons."

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