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Bienvenue !

lundi 8 novembre 2010

Petit Halloween sauvage

Il fait froid. Il semblerait que ce soit une forêt qui m’entoure. Allongée sur le sol, je ne sais plus ce que je fais là. Ma robe blanche est froissée, mon gilet gris me couvre à peine. La lune dévoile sa lumière une fois sur deux, à cause des nuages gris qui passent l’emprisonner.
Il fait froid, et je suis gelée de l’intérieur. Je n’ai pas peur.
Les arbres ne sont pas des sapins, on dirait des châtaigniers, de nombreux châtaigniers qui se découpent dans des ombres étranges.
Je ne sais pas qui je suis, pourquoi et comment je suis arrivée là. La seule chose que je sais, c’est que je suis seule ici……
Enfin, seule... Je sais que je suis la seule chose qui respire à des lieues à la ronde. Je sais aussi que je ne devrais pas être ici. Puis je réalise : cette année, c'est moi.
On sait que chaque année, à Halloween, une jeune femme du village disparait. En général, ce sont des étrangères. Celles qui, parmi les gens de passage, ne manqueront pas, ou peu. On paie la famille et ils s'en vont.

Mais cette année, il n'y avait pas de gens de passage. Ils ont appris à nous éviter. Ils savent que nous avons un contrat que nous nous devons de respecter. Alors c'est moi. Je suis là. Je ne sais pas où. Je me rappelle seulement que je dormais. Du bruit dans le couloir. Des sanglots. Puis la porte qui s'ouvre doucement, et mon père qui me murmure à l'oreille des excuses. L'odeur très forte. Le trou noir. Et me voici ici.

Je n'ai toujours pas peur. Je suis même un peu excitée. Personne ne sait ce que deviennent ces jeunes femmes qui disparaissent. Moi, j'ai toujours espéré qu'elles n'avaient pas peur. Que simplement, ce qui se passait les emmenaient loin. Au pays des fées peut-être. Ou des lutins. Ce soir, c'est la nuit où les mondes se touchent.

J'entends un bruit. Un raclement. On dirait une vieille chaine rouillée que l'on traine dans les graviers.
Un mouvement, à ma droite. La lune est cachée et je ne vois pas. Mais ça se rapproche. On dirait un homme, un peu courbé. Il a un pas lent, mais régulier.

Il est devant moi, et je distingue enfin ses traits. Il n'est pas laid. Mais il a l'air triste, très triste.
Il avance sa main et me touche le visage. Il sent l'humus frais. J'aime bien. J'ai confiance en lui, je ne sais pas pourquoi.
Puis il me parle :

"Depuis des siècles, ton village expie mon injustice. Depuis des siècles, chaque année, ils m'offrent une fiancée, pour celle qu'ils ont brûlée comme sorcière injustement. Tu es jolie. Viens ma mie, allons nous marier, et pour un an, je laisserai ton village prospérer."

Il me tend une fleur blanche que je ne connais pas. Je la mets dans mes cheveux. Ce soir, c'est ma nuit de noce. Je suis contente finalement d'avoir ma robe blanche et mon joli gilet gris. Mon fiancé me tend le bras, je le prends et je marche à coté de lui.
Cette nuit, je me marie à la Mort.

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