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Bienvenue !

mercredi 15 septembre 2010

Une rencontre

Les nouvelles rencontres sont très rares dans l’ensemble. Néanmoins, cela arrive parfois, aussi étrange que ça puisse paraître. Des âmes sœurs en général, déjà habituées à voyager ensemble, quel que soit le corps. Les lieux et les liens varient tant et tant que les coïncidences ne sont pas rares.
Sans doute, si l’on avait suivi ainsi la migration des âmes au travers des âges sur une mappemonde à l’aide de punaises et de fils colorés, le tableau ainsi exposé formerait un ballet aussi doux que riche pour les yeux, une véritable mélodie visuelle.
Ceci dit, les familles d’âmes restent relativement stables au court du temps. Une harmonie certaine y règne. Comme l’eau et l’huile, elles glissent les unes contre les autres, se côtoyant sans se mélanger. Sans rancœurs particulières mis à part celles, animales qui s’élevaient lors des vies pour se consumer dans la mort, partagées puis oubliées en un clin d’œil.
Les guerres passent sans plus qu’une ride sur un étang. Même quand il pleut, les gouttes ne creusent pas l’étendue d’eau mais la remuent simplement.
L’évolution des hommes a tout de même, bout à bout, modifié subtilement l’équilibre. A l’amer, au salé, à l’acide, on a ajouté le sucré, surprenant et doux. Comme un coup de fourchette dans la vinaigrette qui incorpore la moutarde, permettant ainsi de mélanger le vinaigre et l’huile.

Cela se passe dans un zoo. Une invention de l’homme. Car jamais la nature n’a mêlé les lions aux pingouins ni laissé se rencontrer les pandas et les kangourous.
La cage de verre des panthères a une vitre commune avec l’enclôt des loups. Deux espèces carnivores placées ainsi pour que le stockage et la distribution des viandes soient facilités. Un peu plus loin, on peut croiser des lions, hyènes, pumas, tigres et autres espèces qui auraient préféré croquer autre chose que les quartiers de bœuf surgelés qu’on leur balançait à heures fixes.
Mais pour l’heure, c’est une panthère noire, une femelle, qui fait sa sieste dans un rayon de soleil fatigué de l’automne. Et deux jeunes loups gris qui jouent de l’autre coté, dérangeant les feuilles mortes prématurément.
Les deux espèces se voisinent ainsi depuis quelques dizaines d’années, s’ignorant banalement. Pas d’odeur, pas de menace, pas d’ennemi.
Mais cette fois, un détail change. La panthère noire croise le regard d’un des deux loups. Et, au lieu de continuer à tourner la tête pour bailler, elle le fixe. Et le loup s’arrête de jouer, imité par son compagnon.
Pendant près de deux heures, les animaux soutiennent leur regard, sans bouger. Puis vient l’heure des soins. Les trois bêtes ne résistent pas au bruit caractéristique et courent, presque synchronisés, vers leur récompense pavlovienne quotidienne.

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