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vendredi 14 juin 2013

La Grenouille et le Kangourou

Sur un bateau vit une Grenouille corsaire. Pas une Grenouille de corsaire, une vraie Grenouille corsaire. Elle a son bocal de verre dans la cabine du capitaine, avec vue sur la mer. Et régulièrement, le capitaine la sort sur le pont avec l’équipage, afin qu’elle puisse prédire la météo. Elle fait la pluie et le beau temps pour ses camarades. Ils lui ont même fait un mini chapeau de corsaire, qu’elle met tous les matins avant de monter sur sa petite échelle pour regarder la mer.

Un jour, le capitaine pose son bocal sur une carte et commence à lui montrer un dessin dessus.

« Tu vois petite Grenouille corsaire, ça, c’est l’Australie. On dit que là-bas, il n’y a pas beaucoup de corsaires, mais par contre, il y a beaucoup de bateaux ennemis à aller aborder. Ton bocal commence à être un peu fendu et ta petite échelle pour prédire la météo mériterait d’être remplacée. Je suis sûr qu’on trouvera notre bonheur là-bas. Tu crois que tu arriveras toujours à prédire la météo, même aussi loin ?

- Capitaine, donne-moi une copie de cette carte, je vais l’étudier, et quand on arrivera là-bas, je pourrai te prédire la météo aussi bien que ici. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le capitaine dessine un morceau de carte, en indiquant le port où ils vont mouiller et les endroits où ils iront à la chasse au bateau marchand. Et la petite Grenouille étudie fort pour être capable d’être utile à son capitaine.

Alors que leur voyage touche à sa fin, la petite Grenouille sent une tempête arriver. Elle prévient le capitaine et l’équipage sur le pont. Ils se mettent donc à préparer le bateau pour la tempête. Ils placent même un couvercle à son bocal pour éviter qu’elle en soit éjectée par un roulis trop prononcé. Et ils attachent son bocal pour qu’elle ne s’envole pas à la première bourrasque de vent. Et elle coasse, elle coasse pour les encourager.

Mais hélas, les corsaires n’ont pas prévu que cette tempête est plus forte que ce dont ils ont l’habitude. Et un fort coup de vent déboîte l’attache d’un cordage, qui laisse partir un tonneau, qui vient buter sur la rambarde où on a attaché le bocal de la Grenouille.

Elle coasse fort, mais avec le bruit des vagues, personne ne l’entend avant qu’il soit trop tard. Et elle se sent voler, et voler et plouf ! Son bocal est bringuebalé dans tous les sens, et elle ne sait plus où elle est. Elle tente de saisir sa petite échelle et son bout de carte et elle se fait toute petite. Elle a l’impression que ça dure une éternité. Et, quand enfin revient le silence, elle se retrouve à la dérive. Plus de bateau, plus de corsaires, rien. Juste elle.

Le temps parait très long quand on dérive. Et avec l’eau salée entrée par les petits trous du couvercle, la Grenouille n’est pas très à l’aise. Sa peau la gratte et elle a faim.

Pour elle, une éternité passe avant qu’elle sente enfin qu’elle ne bouge plus. Son bocal s’est échoué sur une plage on dirait. Alors la Grenouille se met à coasser le plus fort possible. Puis elle s’arrête. Puis elle reprend. Puis elle s’arrête. Elle se fatigue. Et quand elle a presque perdu espoir, elle entend un bruit bizarre.

SCHLOMPF ! SCHLOMPF ! SCHLOMPF !

Qu’est-ce que ? Elle coasse de plus belle. Le bruit se rapproche.

SCHLOMPF ! SCHLOMPF ! SCHLOMPF !

Et elle voit à travers la paroi de son bocal une sorte de tête de cerf sans bois et déformée.

« Bonjour Monsieur le Cerf ! J’ai besoin de votre aide. Je suis une Grenouille corsaire. Je suis tombée de mon navire. Je dois le rejoindre. J’ai une carte, je peux vous montrer !

- Petite Grenouille, répond le cerf bizarre, qu’est-ce qu’un cerf ? Je ne connais pas. Je suis un Kangourou.

- Un kangouquoi ?

- Un Kangourou. Attend, je vais te montrer. »

Elle le voit se pencher sur son bocal et commencer à dévisser le couvercle. Un cerf ne pourrait pas faire ça avec des sabots. Mais c’est quoi alors un Kangourou ?

Quand le couvercle est ôté, elle sort doucement de son bocal et elle regarde. C’est bien une tête de cerf, mais debout sur deux pattes. On dirait un lapin assis sur son arrière-train, mais avec une peau de cerf. Et sa queue ! Bizarre…

La petite Grenouille lui tend son bout de carte.

« Cerf ou Kangourou, tu n’as pas l’air de croquer les Grenouilles. Alors peux-tu m’aider ? J’ai besoin d’un peu d’eau douce, puis de rejoindre mon bateau. Mon équipage doit se faire un sang d’encre !

- Je veux bien t’aider petite Grenouille. Grimpe sur ma tête et accroche-toi bien. »

Le Kangourou prend la carte et aide la Grenouille à monter sur sa tête avant de regarder la carte.

« Ah, je vois où c’est. Il y a une petite rivière en chemin. On y sera rapidement. »

Il se penche, pose délicatement la carte dans le bocal, puis saisit ce dernier après avoir revissé le couvercle.

« Bien accrochée petite Grenouille ?

- Euh, oui, oui, bien accrochée. »

Et là, le Kangourou se met à sauter. Et la Grenouille est bien heureuse de ne pas être dans le bocal, où elle se serait bien fait secouer. Elle coasse de bonheur.

Le voyage se passe vite. La Grenouille raconte au Kangourou la vie de corsaire, et il lui explique l’Australie. Et très vite, ils deviennent les meilleurs amis du monde.

Quand ils arrivent à l’endroit indiqué sur la carte, la Grenouille voit le bateau corsaire. Il est un peu mal en point, mais l’équipage s’affaire à le réparer.

« Ouf, ils vont bien. Vas-y Kangourou, je vais te présenter. »

Le capitaine et son équipage sont ravis de la revoir.

« On pensait t’avoir perdue petite Grenouille ! Qui nous aurait donné la météo ? Sans toi, on aurait pu perdre le bateau. »

Ce soir-là, c’est la fête sur le bateau, et le Kangourou est remercié par tout le monde. Et au petit matin, c’est le cœur un peu lourd que la Grenouille va le voir.

« Kangourou, mon bateau va repartir. Mais repartir sans toi va me laisser toute triste. Tu vas me manquer. »

Le Kangourou ne dit rien, il a l’air de réfléchir. Puis il s’en va. Et la petite Grenouille se dit qu’elle a dû le vexer et se sent triste.

Puis le capitaine revient avec le Kangourou.

« Petite Grenouille, pourquoi pleures-tu ? Alors que ton ami Kangourou vient de s’engager pour être corsaire avec nous… »

La Grenouille sautille de joie. Elle n’aura pas besoin de se séparer de son Kangourou. Alors le capitaine leur tend deux chapeaux de corsaires, un petit pour la Grenouille, et un grand pour le Kangourou, avec une place pour la Grenouille dessus.

« Comme ça, pas de bocal. Tu pourras t’accrocher à son chapeau pour prédire la météo ! »

Et c’est ainsi que la Grenouille et le Kangourou se sont rencontrés. Enfin, à peu près. Puisque c'est une histoire qui dure, et qui dure... Et la grenouille et le kangourou sont en train de se marier au moment où je publie cette histoire. Enfin, en train de fêter leur mariage. On leur souhaite plein de bonheur !

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